Je suis... je ne suis pas...

Publié le par Aspu

Je suis... je ne suis pas...

Bonjour à Toutes et Tous,

Je n'ai pas pour habitude de réagir à des faits de l’actualité, mais ce qui s'est passé en ce premier mois de 2015 est assez grave pour que je m’exprime.

Des assassins ont cherché à tuer notre Liberté, fille de la démocratie laïque et républicaine. Qu’on soit d'accord ou pas avec leurs orientations politiques ou religieuses n’est pas le propos, seule l’expérience me préoccupe ici, car pour moi ceci n’est qu’une péripétie de sociologie expérimentale.

Nous sommes tous Charlie ! Voici la voie de Liberté qui s’est exprimée dernièrement. Voltaire en parlait déjà en d’autre temps en affirmant : « je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai pour que vous puissiez vous exprimer ». C’est une vieille tradition française qui semblait faire partie de notre patrimoine. Le roi, la reine, la cour, le curé, l’organisation sociale a toujours été secouée par des humoristes, philosophes, peintres, clowns, caricaturistes. Nulle contrainte dans le discours, dans la caricature, dans l’image, voilà ce dont il s’agit. Une tradition de railleries qui fait partie de notre patrimoine culturel et cultuel. C’est une arme incontournable qui construit surement la gaieté à la française comme les valeurs morale du pardon et de la compassion. On en rigole ! ! ! et on rigole de tout dans un plaisir franchouillard. Le pouvoir de s’exprimer doit rester en dehors de toutes pressions idéologiques. Mais cette Liberté n’est pas une valeur mondialiste. Ce qui prévaut ici n’est que faute là-bas. Le mondialisme s’arrange mal avec les coutumes ou les idéaux d’autre temps. Le rire français issu d’une Gaule profonde, n’est pas aussi contagieux qu’on le croit. Les saltimbanques ont grimé les cours de tous les temps, et je rends ici hommage à Coluche qui en fut, pour moi, le plus abouti des exemples. Raillerie, sarcasme, humanisme, il usa de tout avec les outils du moment.

Alors en ce moi de janvier, ou des évènements tragiques se sont enchainés pour aller jusqu’à émouvoir des foules entières partout sur la planète, je me rallie aux messages attachés à une indignation générale qui ont fusés de toutes parts. Des Saltimbanques, des Innocents de France et d’Afrique ont été assassinés et d’Autres ont disparus en mer en fuyant la guerre. Les médias ont fait leurs choux gras en se lâchant dans un délire habituel et sans retenue des attentats en oubliant tout le reste. A qui la faute? S’il est vrai que certains actes sont en dehors de toute logique humaine et humaniste, il est aussi vrai que chacun de nos gestes peuvent créer cette grande mascarade du voyeurisme mondain que nous avons pu observer en ce début d’année. Car à y regarder de plus près, que signifient ces gestes d’anonymes, ces « je suis Charlie » qui surgissent du néant, ces rassemblements spontanés? Ne répondent-ils pas à un trop plein d’anxiété et de peur incrustée dans notre société moderne nauséeuse? Quand auraient pensé Cabu Tignons, Charbe ou Wolinski ? Ce trop plein soudain de lecteurs et d’admirateurs n’est-t-il pas en lien direct avec la médiocrité et l’hypocrisie d’une génération de nantis plus prompt à la réaction vulgaire d’un capitaliste affranchit? Il y a fort à parier que ce grand élans de générosité économique et artistique aurait rassuré tous ceux qui travaillaient à la création de cet hebdo satirique. Alors qu’ils se dépêtraient dans des finances exsangues et des procès à rallonge, ils auraient, j’en suis sûr, accepté quelques gestes reconnaissants. La barbarie a changer l’odeur de la République et de Nation mais c’est aussi ce que dénoncent Luz ou Willem qui voient le soutient populaire et se demande ce qu’il en restera dans un an. Je me rallie pourtant à cette masse en la reconnaissant mais je ne veux pas être incrédule, je sais que tout ceci ne correspond qu’à des besoins physiologiques de la race humaine.

Les médias en ont fait leurs choux gras en se lâchant dans un délire habituel et sans retenue. Mais ceci n’est en réponse qu’aux besoins viscéraux de celui qui reçoit le message. L’émotion, le pouvoir, la peur nous pousse à la réaction individuelle puis collective.

En ce mois de janvier, des foules entières se sont émue partout sur la planète. Les messages attachés à une incompréhension récurrente ont fusés de toutes parts. Ici on milite pour la liberté d’expression, là c’est le despotisme religieux qu’on exprime, ici on tue pour venger, là-bas ce sont les révoltes qui explosent. Que représentent tous ces évènements qui se bousculent dans notre monde si ce n’est une incompréhension organique ?

Pourtant la Liberté de chacun est une question qui a occupé de nombreux philosophes et revient de temps à autre au bac de philo. Cette question n’est donc pas une découverte, elle ne fait pas partie d’une nouvelle révolution.

Elle reste toujours en débat. Sommes-nous libres ? Libres de penser, de faire, de désirer ou même de subir ? Pour Descartes, la Liberté est une volonté sournoise qui doit être réglée par la loi. Le bien commun n’est alors qu’une question d’équilibre de fondamentaux régis par l’Institution. On sait et on admet que le désir de Liberté de l’Un, entrave celui de l’Autre dans tous les évènements de la vie. La communauté est construite d’individus organisés en collectifs, en institutions, en groupements, en sectes, en religions, en familles de pensée. Chaque individualité, chaque ensemble participe à un subtil équilibre pour une organisation dont profite la collectivité comme l’individu. La vie ne peut être acceptable que si une certaine osmose se dégage de tous ces équilibres.

Comme l’a écrit Bichat en 1800 « La vie est l ‘ensemble des fonctions qui permet de résister à la mort. Ceci est en effet le mode d’existence des corps vivants, qui tendent à être détruits par tout ce qui les entoure ». En une seule phrase voici la manifestation de la vie d’un corps comme d’une communauté qui s’exprime. Le déséquilibre est donc le socle de toutes manifestations ou désordres passés, actuels, probables et à venir.

La Liberté ne serait-elle donc qu’une illusion attachée à notre fonctionnent biologique ? Croire qu’on est libre de pulsion ou de besoin est-ce une illusion ? Libre sans séduire, sans dépendre, sans dépense ne serait alors qu’une utopie ?…

Charlie a déséquilibré la balance subtile d’une vie en commun comme l’ont fait bien d’autres en d’autres temps. A chaque période, ces incompréhensions qui, d’une certain empathie pour l’autre, se transforment en une colère noire et destructrice pour d’autres. Ce jeu se joue des époques, se joue des milieux, se joue des croyances, se joue aussi des illusions de Liberté. Pour vivre ensemble, il faudra ne plus être Libre mais se coucher sous le joug de la loi régalienne. « Je suis lui », « je suis l’autre » ou « je ne suis pas » à mon sens, ce n’est que prendre les vessies pour des lanternes en s’octroyant des Libertés qui se transformeront en prison. C’est juste une question de temps, juste une question d’équilibre. Des barbares ont tué des "personnes illuminées" qui ont manifesté leur liberté d'expression, comme Coluche, qui en était la véritable image. C’est un éloge généralisé de l’hypocrisie politique et économique qui s’est manifesté à l'occasion de ce mois de janvier. Entre le meilleur et le pire, nous sommes tous Charlie parce qu'en tuant ces 17 personnes, ces tueurs ont tué Voltaire mais aussi Descartes par son incapacité à éviter le « pétinisme » dont on trouve les traces dans l’histoire. L’accident a eu lieu, il a été construit par des discours léninistes, des « fouteurs de merde » démocrates, des éducateurs humiliés, etc. Comment en est-on arrivé là ? C’est une question essentielle à des années lumières des préoccupations de financiers morveux. Plus de rêve, plus de spiritualité, plus de bonheur, le recours à la frustration, à l’humiliation, mène à la revanche, à l’extrémisme. La France n’est pas la maison de Charlie, c’est juste un révélateur. La France est choquée mais c’est la planète chiffrée qui est visée.

Alors, je suis triste, comme vous tous, et j’espère que ces morts ne sont pas morts pour rien. Ils nous rappellent simplement que le bien qui nous est le plus précieux, c'est la Liberté de penser, la Liberté d’expression et celle d’agir mais que le collectif ne peut pas être irresponsable, loin de là.

Nous sommes tous Charlie parce qu'ils ont tué. Mais à quoi sert de partager une religion, un parti politique, une secte ou même une vision du monde ? Faire ce que l’on veut n’est pas une intention liberticide. Chaque mesure de sécurité nous infantilise, nous réduit à une chose qui à chaque fois s’éloigne des conditions naturelles de notre vie. L’indépendance libertaire n’est pas en lien avec les idées de la Liberté. Inutile de préciser que le libéralisme est en liaison direct avec le Dieu argent sans pédagogie.

Pour moi, la Liberté est le plus bas niveau de notre fonctionnement. La garantie de ne dépendre de rien d’autre que de soi-même est une illusion puisque le fonctionnement du vivant est attaché aux notions organiques. Est-il possible de ne pas manger ? Est-il possible de ne pas bouger ? Est-il possible de ne pas communiquer ? Ce sont des questions qui s’adressent directement à notre génétique, à notre ADN. La Liberté est donc adossée à nos organes qui nous gouvernent sournoisement mais inévitablement. Alors en quoi ceci nous pousse à être ou ne pas être Charlie si ce n’est une fonction organique. Je pose ici le précepte de dire que l’organe est lié à la peur. La peur collective pour les Uns de perdre une Bible, ou un Coran, et pour les Autres, la peur collective de perdre une Liberté illusoire, crée un déséquilibre et produit les évènements du moment.

C’est toujours les mêmes réflexes d’un homo sapiens qui s’exprime ici. Rien n’a changé depuis des siècles et la mise en valeur de ces actes de barbarie est encore une preuve de l’aveuglement de ces individus d’un côté de la barrière ou de l’autre, puisque chacun contribue au déséquilibre général.

Descartes a défini le libre arbitre comme juge et partie, voilà le dilemme, le devoir envers les Autres n’est pas si évident. Pourquoi faisons-nous ceci ou cela ? Notre génétique nous guide dans nos réflexions comme dans nos actes. Nous ne faisons que répondre à ces demandes.

Je pleure ces hommes et ces femmes qui sont partis vers un monde meilleur alors qu'ils œuvraient à leur manière pour un monde meilleur.

Je pleure en particulier Cabu et Wolinski qui, par leurs dessins, ont bercé une partie de mon adolescence avec leur humour acerbe.

Je pleure aussi toutes les victimes de la guerre où qu’elles soient, et quelle que soit la forme qu’elle prend. Car depuis plusieurs années des guerres sont menées partout dans le monde par des armées occidentales : Libye, Irak, Syrie, Mali, Liban, Afghanistan, Ukraine, etc. Elles n'ont fait qu'apporter la mort, le désordre et la misère. Elles ont surtout attisé la haine et la violence... Le meurtre appelle le meurtre, la haine appelle la haine, la violence appelle la violence. Et le plaisir des peuples développés se mesure à la souffrance des peuples spoliés. La société moderne est un mammifère vorace avide de pouvoir et de domination. L’individu qui la constitue est dominateur, il impose sa marque et fait fructifier son capital en soumettant le pauvre. Certains parlent d'un « 11 septembre français » Qu’en pensent tous ceux qui furent lâchement abattus en Afrique pendant ce même mois de janvier ? L’histoire n’est pas la même que l’on soit ici ou là-bas.

Qui peut convenir aujourd'hui que nous sommes capables de montrer notre humanité, notre intelligence, notre cœur et notre conscience pour ne pas répondre à des actes barbares par la barbarie qui nous entrainerait irrémédiablement vers des énergies basses et dévastatrices ?

Les idéologues cherchent à imposer leurs visions par des actes de violence car ils sont par nature des minorités. Mais la vraie violence n’est-elle pas dans le refus d’une écoute constructive d’une caste majoritaire. Alors le politiquement correct s’arrête à la porte du « Etre Charlie ». C’est être majoritaire aujourd’hui mais qu’en sera-t-il demain ? On croit que les êtres humains, dans leur ensemble, ne désirent que la paix pour vivre tranquillement. Cela signifie que l’oubli d’une idéologie n’est que la lumière d’une Liberté inaccessible.

Mais, gardons espoir, car il nous reste la Terre en partage, elle seule sait et construit notre avenir. Elle, elle a surtout besoin de Vivantes et de Vivants pour un "Vivre-Ensemble" simple dans le partage, le respect avec un zeste de compassion. C’est là, la seule voie à suivre pour un bon et salvateur équilibre. Celui qui nous permettra peut-être d’oublier ce mois de janvier 2015.

Lecteurs sachant lire , je Vous salue.

Publié dans Ecolonomie

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B
que sème la paix dans nous cœurs.
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N
Des gens meurent chaque jour sans avoir rien dit. Qui défile pour eux ? La manipulation a encore de beaux jours devant elle...
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