Eau et irrigation...

Publié le par aspu

L'irrigation peut-elle être La solution ?

Nous savons que les pénuries d'eau sont un phénomène mondial. États-Unis, Europe, Chine et Inde, Australie, Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient... tous les continents sont concernés et le manque s'accentue alors que la demande en eau douce explose.

Les conséquences sur l’agriculture se font déjà sentir partout à travers le monde. D’après une étude publiée en février dernier dans la revue Water Resources Research, entre 2003 et 2009, les rendements agricoles ont été en chute libre sur les bassins versants du Tigre et de l’Euphrate à cause de l’évaporation, qui représente dans cette région du monde l’équivalent en eau douce de la mer Morte (143 km3 d’eau).

C’est l’Arabie saoudite qui, la première, a officiellement reconnu le lien entre la pénurie d’eau douce et l’effondrement de sa production agricole qui l’obligera à importer 15 millions de tonnes de céréales d’ici 2016. La production agricole de la Syrie a, quant à elle, chuté de 30% depuis 2002 et celle de l’Irak de 33% depuis 2004.

Les conséquences de ce désastre seront inévitablement une tension des prix des matières premières. Le dérèglement écologique n’est pas qu’une illusion de fantaisiste, il a bel et bien des réalités économiques et sociales. Les coûts seront de plus en plus importants dans les années à venir mais aussi dans des dizaines d’années avec une séries de conséquences que le monde politique ne veut pas prendre en considération.

L'irrigation, source de tous les maux
Alors que l’accès à l’eau douce s’impose de plus en plus comme un enjeu crucial pour les années à venir – je rappelle qu’un quart de la population mondiale vit dans des pays en situation de pénurie d’eau et qu’en 2030, cette situation concernera la moitié de l’humanité – l’irrigation, plus grosse consommatrice d’eau au monde, est de plus en plus pointée du doigt.

Pour comprendre pourquoi, il nous faut nous intéresser aux techniques d’irrigation. Les deux principales – les plus traditionnelles aussi – sont :
- l’irrigation de surface, qui consiste à inonder la surface à cultiver (c’est le cas par exemple des rizières ou des crues du Nil avant la création du barrage Nasser ou encore la création de canaux et rigoles comme on le fait encore dans les cultures potagères du midi de la France) ;
- l’irrigation par aspersion, qui imite la pluie. Une irrigation qui se fait à petite échelle par tuyau d’arrosage et autre matériel plus sophistiqué (c’est la cas de l’irrigation par pompage que nous observons tous dans les plantations de nos campagnes, principalement pour les maïs).

Cette dernière technique s’est particulièrement améliorée avec le temps… et l’augmentation des besoins. Loin des tuyaux d’arrosage classiques, l’irrigation par pivot central, la plus efficace des irrigations par pulvérisation, permet aujourd’hui de traiter en même temps de grandes surfaces de plusieurs dizaines de mètres de diamètre.

Ces méthodes d’irrigation sont à l’origine des champs circulaires qui fleurissent à la surface de la planète depuis les années 1960, des États-Unis au désert d’Arabie saoudite. Or, selon la FAO, environ 60% de l’eau utilisée pour l’agriculture est en fait perdue, soit par ruissellement, soit par évaporation. Face à la montée des critiques, de nouvelles méthodes, plus précises, plus efficaces et plus économes en eau ont été développées.

Parmi ces innovations, le goutte-à-goutte. Inventé en 1975 dans un kibboutz israélien, la technique a ensuite été améliorée et testée à grande échelle aux États-Unis, en particulier par la société Netafim. Enterré ou disposé à la surface des champs, le goutte-à-goutte diffuse de manière automatisée de faibles quantités d’eau selon les besoins des plantes, de terrains etc.

L’économie d’eau par rapport à l’irrigation par aspersion varie de 15% à plus de 30%. Et d’après le Worldwatch Institute, le développement du goutte-à-goutte dans le monde permettrait de réduire la consommation d’eau par l’agriculture de près de 70% tout en augmentant les rendements de 20% à 90%.

Le goutte-à-goutte permet en effet de mieux contrôler la quantité d’eau diffusée, d’éviter la dispersion par le vent ou encore l’évaporation excessive. Principaux inconvénients de cette technique, son coût (entre 1 200 à 2 500 € le m2) et la pérennité des installations (entre quelques années à un peu plus d’une décennie), même si chercheurs et entreprises travaillent activement à améliorer ces deux points.

Si le goutte-à-goutte est amené à se développer dans les années qui viennent, aujourd’hui, il ne représente que 2% des surfaces irriguées dans le monde et moins de 7% aux États-Unis et de 3% en Espagne, qui sont pourtant les deux pays les plus équipés en la matière.

L’autre solution consiste à l’amélioration des techniques d’irrigation actuelles – par aspersion essentiellement, l’irrigation par submersion étant en recul – grâce au contrôle satellite, informatique et à la programmation qui permettent une irrigation plus économe en eau, en énergie ou encore en temps de travail. Voici donc plusieurs techniques expérimentées, développées ou multipliées dans les quatre coins du monde. Mais comme le système de développement ne marche que sur une phase, il ne peut prendre en compte les économies alimentaires potentielles qui permettraient tout simplement de diminuer les besoins d’une population trop gourmande. Prévoir la décroissance alimentaire n’est encore qu’une chimère pour nombre de nos dirigeants, pourtant celle-ci semble bien être une véritable voie de progrès écologique et social.

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R
Encore un article riche et complet qui finit sur une porte ouverte et stimule une pensée différente. Varions les points de vue pour trouver le meilleur angle d'attaque pour solutionner les problème plutôt que de tenter de les affronter de face avec une débauche d'énergie inutile !<br /> Au plaisir de vous lire...
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